À René Lapierre
L’amitié comme objet d’analyse n’a guère d’amis, dans les études littéraires, où l’on préfère la polémique, la haine, la violence, lesquelles semblent promettre, du même souffle, des textes plus coriaces et une posture de chercheur plus critique. Cherchera-t-on quelque réflexion théorique soutenue, relancée de chercheur en chercheur, sur le sujet, qu’on ne récoltera guère que l’inépuisable relance de lieux communs sur la formule de Montaigne, occasion de sacraliser l’amitié tout en la déclarant « inexplicable » rencontre d’atomes crochus. En philosophie, pourtant, la philia n’a cessé de susciter de nouvelles lectures, où la définition même de la discipline se trouve en jeu. Outre la méfiance envers ce qui menace de s’apparenter à du scoutisme sentimental, l’inintérêt face à l’amitié tient sans doute aussi à la relégation du biographique dans l’enfer de la théorie.
L’amitié n’aurait ainsi rien à voir avec la littérature, au sens fort de chacun de ces termes. Et pourtant : les avant-gardes, les cénacles, les groupes littéraires, les revues, et tout ce qu’elles ont créé (comme discours et pratiques), furent d’abord des réunions d’amis. De même, l’amitié entre écrivains, naît de la lecture, du désir d’écrire à, d’écrire avec, d’écrire comme. À la première rencontre entre Paul Morin et Guillaume Lahaise (futur Guy Delahaye), un recueil de poèmes, dans les mains du premier, fut le signe d'une semblable passion pour la poésie, base de leur amitié comme de l'aventure collective des exotiques. Quelques mois avant de publier Deux sangs, premier ouvrage des Éditions de l'Hexagone, qu'il signe avec Olivier Marchand, Gaston Miron donne à celui-ci un recueil de « nouveaux poètes », présenté comme « le sceau de notre amitié d'adolescents, d'hommes et de poètes » (2015, 96). Dans de tels cas, la poésie, le livre, passe d'une main à l'autre, tire la relation vers l'amitié et la littérature, vers l'amitié littéraire. Le texte partagé, aimé, transforme le lien entre acteurs, fait entrevoir le passage d'un partage déjà accompli vers un partage plus grand encore.
Parfois, la lecture suscite le lien, en fait surgir le désir. Découvrant les « Notes d'enfance » de Jacques Copeau dans les pages de L'Ermitage, André Gide est taraudé par la curiosité: « J'aimerais bien savoir qui c'est » (1987, 67), écrit-il à Henri Ghéon. Il obtient alors son adresse auprès du directeur de la revue et lui écrit une longue lettre exprimant son appréciation de ses articles, l'invitant à en publier d'autres – « Nous sommes plusieurs à désirer vous lire encore » – et débouchant sur une confession: « Vous avouerai-je tout ce qui se mêle de curiosité au goût que je me sens déjà pour votre prose? » (66). Copeau répond avec enthousiasme et émotion, en racontant l'histoire de sa relation intime avec les récits de son destinataire: « J'ai lu Les Nourritures terrestres il y a deux ans. […] Dès cet instant vous me fûtes un compagnon; dirai-je: un compagnon de fuite? Je respirais en votre œuvre des présages de liberté. [...] Je vécus [certains jours de convalescence] avec vous, dans ma chambre. Notre reconnaissance s'achevait par de longs entretiens. » (68) L'un comme l'autre indiquent que l'amitié était déjà là, en creux, potentielle (pour Gide) ou fantasmatiquement accomplie (pour Copeau). Ils manifestent tous deux que les textes peuvent induire une reconnaissance ou un désir de connaissance (sociale, intime, plutôt que cognitive), chez le lecteur; que l'émotion, l'admiration, la sensation de proximité (intellectuelle, esthétique, idéologique, affective) presque douloureuse que la lecture provoque, peut provoquer, donnent un sentiment d’amitié virtuelle, engendrent le désir de la concrétiser. « Lire, c'est s'exercer à la gratitude », lançait Patrick Boucheron dans sa leçon d'ouverture au Collège de France, pour mieux marquer l'hommage rendu par lui à ses illustres prédécesseurs. Quand cette reconnaissance s’écrit, quand l’admiration se propose comme contre-don, un espace social distinct s’esquisse, basé sur le refus de l’intérêt, des équivalences, du calcul, espace où, sans se confondre, les figures de la littérature, de l’amitié et du don s’interdéfinissent.
L'amitié littéraire est ainsi étroitement liée à la lecture, à la lecture des textes de l'ami. Elle l'est tout autant à la lecture des textes par l'ami. Les premiers lecteurs, ceux dont on souhaite un jugement littéraire (et non pas un aveu de séduction), ce seront les amis. Faire lire, faire entendre les manuscrits avant de publier fut une pratique habituelle dans les cénacles du dix-neuvième (dans les salons aussi, mais les relations les sous-tendant n'étaient pas nécessairement amicales, bien au contraire). Dans cet esprit, le groupe de la toute première Nouvelle Revue française, rassemblé autour de Gide, se réunissait fréquemment pour écouter l'un d'eux faire la lecture des premières versions de leurs textes, au point où l'invitation à y participer peut être vue comme une étape marquante dans la cooptation d'un écrivain au sein de la petite bande. « Soufflé » par la lecture du manuscrit de Jean Barois, André Gide s'enquiert rapidement auprès de Jean Schlumberger : « [m]ais qui est donc ce Martin du Gard dont jamais vous ne m'aviez parlé1? », puis presse Gaston Gallimard de le publier. Quelques mois plus tard, un nouveau manuscrit permettra à Martin du Gard de devenir un familier de Gide: « Je suis extrêmement curieux de connaître votre pièce, dont Copeau me dit le plus grand bien. Ça vous embêterait-il de me la lire? – et que Ghéon l'entendît avec moi2? » Plus tard, Gide et Martin du Gard s’échangeront d’innombrables lettres commentant leurs projets romanesques respectifs, les Faux-Monnayeurs et Les Thibault.
L’ami joue alors, d’une certaine manière, un rôle d’éditeur ou de critique, et la genèse des textes ne peut se comprendre si l’on ne tient pas compte de la relation amicale. Les premiers poèmes de Ponge sont ainsi lus et commentés par Audisio et Paulhan, et ce dernier sera étroitement impliqué dans l’édition des premiers recueils, Douze petits écrits en 1926 et Le Parti pris des choses, en 1942. Dans quelques cas, le critique devient l’ami, comme on le voit dans la correspondance entre Proust et Rivière. « Enfin je trouve un lecteur […] Et quel bonheur que ce lecteur, ce soit vous » (1955, 1) : cette exclamation de Proust, dans sa toute première lettre à Rivière, alors critique montant de la NRF, marque bien l’affect s’emparant de l’auteur se découvrant enfin un véritable lecteur. Affect d’autant plus vif que ce lecteur a lui-même écrit. À la manière de Gide et Copeau, mais en contradiction avec sa théorie de la division entre l’Auteur et l’individu socialisé, Proust décrit sa lecture comme une rencontre avec Rivière, rencontre heureuse ayant « posé les jalons d’une amitié spirituelle » : « les sentiments que vous voulez bien m’exprimer, je les ai souvent ressentis en vous lisant ; de sorte que chacun de notre côté nous avons fait les premiers pas l’un vers l’autre » (Ibid).
Les amitiés littéraires génèrent ainsi des « cercles de lectures réciproques », et nombre de textes portent les traces de cette sociogenèse amicale. Autour d’Alfred DesRochers et de Louis Dantin, par exemple, circulent un nombre impressionnant de poèmes manuscrits; il faut dire, cependant, que dans certains cas, les distinctions entre les rôles de mentor ou de maître, et celui de l’ami s’avèrent difficiles à établir, non seulement parce qu’il s’agit de dynamiques labiles, mais aussi parce que les agencements entre l’autorité, le pouvoir, la confiance et l’amitié sont complexes3. L’amitié sera tantôt une forme de « willing suspension of inequalities », quand d’autres fois des inégalités trop grandes la briseront. Toute l’histoire de la relation entre Jean Dubuffet et Jean Paulhan est tendue entre ces deux versants de l’équation amitié/pouvoir. Enchanté, dans les premiers temps, de l’amitié de Paulhan, dont l’appui le fait littéralement exister dans le milieu artistique (après vingt ans de pratique sans exposition), Dubuffet éprouve néanmoins avec force le déséquilibre entre leurs positions, mais plus encore entre leurs « dons » respectifs. Ainsi, quand il voit la « nécessité naturelle » de voir ses œuvres être défendues par Paulhan, il manifeste sa « mauvaise conscience » : « vous êtes un très grand personnage dans la Cité de l’esprit […] et je suis la bergère qui ne peut décemment danser avec le prince, ni non plus décemment avec d’autres, et donc bien embarrassée. Je n’ai pas osé soulever cette question l’autre soir à cause du côté trouble, suspect, que je craindrais de la voir donner à nos relations : le poids de votre nom n’a déjà joué que trop en ma faveur » (Dubuffet, 2003, 105).
Mais revenons un moment sur la figure de l’ami comme lecteur, avant d’affronter les questions sociales et économiques, aperçues au travers du don et des inégalités. L’importance accordée au jugement des amis peut aller jusqu’à faire d’eux des destinataires privilégiés de l’œuvre, comme ce fut le cas d’André Belleau, pour François Ricard :
[J]e peux dire que je n'ai pas écrit une ligne qui ne s'adressât de quelque manière à lui, qui ne visât sa lecture, sa réplique, sinon son approbation. Sans le savoir, peut-être, il a été mon destinataire de chaque instant. Tandis que j'écrivais, toujours il lisait par-dessus mon épaule, et j'entendais sa voix, ses questions, ses commentaires. Déjà, dans le moment même où j'écrivais, s'engageait le débat que j'aurais avec lui une fois le texte terminé. Il m'obligerait à être plus clair, à mieux nuancer mes idées, dans son propre esprit il mettrait le mien à l'épreuve et me ferait découvrir dans mes phrases tantôt des lacunes, tantôt des possibilités que seul je n'aurais jamais soupçonnées. Il me prémunissait contre la simplicité, contre la facilité de l'écriture et de la pensée. Il était mon super-ego critique (1987, 87).
Magnifique évocation de la sagacité herméneutique et critique de Belleau, ce passage manifeste aussi l’importance de cette relation entre écrivains, comme le signale la fin du paragraphe : « Qui le remplacera? » L’indispensable lecteur : l’ami. En conclure que, dans la sphère littéraire, on écrit moins pour les pairs que pour les amis serait tordre en un sens négatif cette évocation, alors qu’il serait plus juste de dire que le cercle d’amis est celui dont la lecture importe le plus, dans la mesure où on la juge basée sur la franchise et le partage : partage de conceptions esthétiques, politiques, philosophiques, franchise dans l’expression du jugement, désaccords compris.
La sphère littéraire se présente ainsi, en partie, comme une vaste société d’amis (ce qui veut dire, du même coup : une société d’ennemis et d’anciens amis…) J’irais même un cran plus loin, pour avancer que l’amitié surgit dans et par la parole, l’interlocution directe et concrète entre sujets, qu’elle s’avèrerait ainsi constitutivement fondée sur un certain rapport au langage. D’où sa véritable et cruciale importance en littérature. Dans beaucoup de relations (marchande, pédagogique, bureaucratique, de voisinage, etc.), le langage survient a posteriori, de façon secondaire et souvent utilitaire, dans un cadre déjà établi. La dynamique des échanges et les rôles respectifs des participants sont partiellement prédéterminés. L'imprévisible peut certes surgir, pour briser les règles, voire métamorphoser la relation, et, par exemple, susciter des amitiés... Mais alors, précisément, la relation a cessé d’être strictement marchande ou de voisinage. La relation amicale, au contraire, ne se découvre qu’à travers la médiation de la parole. Elle fait intervenir le langage comme puissance. Le lien amical ne préexiste pas au dialogue et, bien souvent, ne survit guère au silence et encore moins à son évidement par la banalité. On peut s’échanger bien des lieux communs, sans menacer l’amitié, mais quand il ne reste plus que des lieux communs, lancés de part et d’autre comme de fragiles passerelles pour combler le vide, masquer le silence, alors, il n’y a plus rien de commun, surtout pas l’amitié. L’importance de l’amitié, dans la vie littéraire, tient sans doute, au moins en partie, à ce qu’elle naisse de la parole, à ce que ce type de relation confère une importance cruciale à la mise en œuvre du langage. D’où les formules de Hölderlin, reprises dans le premier bulletin du Comité d’action étudiants-écrivains : « La vie de l’esprit entre amis, la pensée qui se cherche dans l’échange de parole par écrit et de vive voix, sont nécessaires à ceux qui cherchent. Hors cela nous sommes pour nous-mêmes sans pensée. Penser appartient à la figure sacrée qu’ensemble nous figurons4. »
Une remarque de Blanchot me paraît lumineuse, à cet égard : « Ce que je pense, je ne l’ai pas pensé seul » (1983, 16). On peut en tirer une interprétation centrée sur le caractère agonistique de la pensée (j’élabore ma pensée contre la pensée d’autrui, la pensée de l’Autre, comme objet ou sujet), mais je préfère en tirer une observation quasi-bakhtinienne, sur le caractère profondément dialogique de la réflexion, du langage, de l’écriture, en insistant sur les degrés de dialogisme. Entre l’intertextualité généralisée, le dialogisme universel du discours social, et le texte, les cercles amicaux opèrent une médiation capitale et souvent négligée, celle de poétiques distinctes mais partagées. C’est précisément pourquoi je m’intéresse aux correspondances, aux revues et aux groupes, c’est-à-dire à l’amitié : ce sont des lieux où on défait et refait, collectivement, le commun, le commun des discours, des imaginaires.
La mise en œuvre conjointe de la parole et de l’amitié n’implique pas communion, parfaite fusion dans une communauté idéale, mais mise à l’épreuve du partage, confrontation à la distance, à ce « pur intervalle qui, de moi à cet autrui qu’est un ami, mesure tout ce qu’il y a entre nous » (Blanchot, 1971, 328-329). Contre l’idéalisation de la communion, la transformation de l’amitié en essence (celle de la vertu aristotélicienne ou de la communauté politique agambienne), l’insistance unilatérale sur le partage et l’exigence d’égalité, il faut souligner les contradictions, les polarités animant les formes de relations amicales.
Celle entre égalitarisme et privilège, par exemple : dans la recherche de modes d’interaction et de prise de décision moins autoritaires, plus horizontaux, aptes à mettre en pratique l’idéal de démocratie participative, les groupes féministes états-uniens des années soixante ont cherché à se constituer comme des fédérations d’amitié; cependant, les réseaux amicaux solidement établis ont eu tendance à exclure ou à reléguer à la périphérie de ces mouvements les femmes faiblement ou pas du tout intégrées à ces réseaux, femmes de communautés racisées ou d’origine plus populaire, bien souvent.
On a pu mettre en évidence les tendances « sécessionnistes » des cercles d’amis5, dans la mesure où l’intensité des liens internes repose fréquemment sur une cohésion négative, dont la remise en question des discours et pratiques dominant un milieu social donné. Les avant-gardes artistiques et littéraires ont exemplifié ce tropisme. Cependant, toute amitié n’est évidemment pas « révolutionnaire », bien au contraire. Les sociabilités amicales peuvent tout aussi bien reproduire les formes de domination : le réseautage du milieu des affaires, socle de tant de boy’s club, comme le système des fraternités « grecques » des campus états-uniens en sont l’illustration.
Enfin, les exigences parfois opposées de franchise et d’appui indéfectible, de liberté et d’unité tiraillent les relations amicales, et engendrent tantôt des conflits, tantôt des accusations de complaisance. Dans le premier cas, la difficulté tient à l’expression des divergences, des désaccords. Quand la jeune équipe de La Nouvelle Revue française se refusa à publier le manuscrit d’un des principaux collaborateurs, André Ruijters, objet de réserves fortes chez ses amis, les liens de celui-ci avec le reste de l’équipe furent immédiatement fragilisés et l’amitié, pratiquement, brisée. Dans les cas de Sartre et Camus, Sartre et Merleau-Ponty, de Breton et Aragon, pour prendre quelques exemples de ruptures éclatantes d’amitié, la dissension ne pouvait être tolérée, alors que Paulhan pratiqua constamment, parfois avec une roublardise retorse, l’amitié à distance, l’amitié-communauté plutôt que l’amitié-communion6. Les accusations de complaisance7, de « conflit d’intérêts » pourrait-on dire, pour employer une formule bien actuelle, n’auraient pas une telle portée, si l’amitié, en littérature, était d’ordre strictement privée. Or, régulièrement, les relations amicales entre écrivains (ou artistes) sont publiquement affichées, les figures d’amis s’intégrant, de diverses façons, à l’image d’auteur. Bien rares sont ceux qui, comme Roger Nimier, ont réussi à renverser les termes polémiques :
Mon bon oncle Léautaud disait un jour qu'il était bien ennuyeux de critiquer les mauvaises pièces des auteurs aimables qu'il connaissait. Cet ennui n'enlevait rien à sa rigueur. En revanche, quel plaisir d'ouvrir un livre dont on se sent un peu l'auteur parce qu'il est signé d'un ami et parce qu'il touche quelques-unes des cordes auxquelles on est sensible (ou plutôt dont on est prisonnier). On se fait des compliments tout à son aise. On est chez soi, on circule entre les lignes comme dans les allées d'un jardin où l'on a été élevé (Nimier, 1951, 149).
Il y aurait d’autres tensions encore à examiner, et de multiples autres pistes à arpenter car, comme je l’ai indiqué, l’analyse des amitiés littéraires, des poétiques, politiques et « formes de vie » fondées sur ou opérées par l’amitié, est encore largement en friche. J’en isolerai une dernière, pour conclure, car elle articule, tant bien que mal, les questions de l’amitié, du don et du langage. Elle se trouve esquissée dans un des premiers ouvrages écrits par Boltanski, au moment de son retournement contre la sociologie critique de Bourdieu, L’Amour et la Justice comme compétences (2011 [1990]). Sans souscrire au recours à la théologie chrétienne, opérée dans cet ouvrage, j’estime l’examen de l’agapè effectué par Boltanski susceptible de relancer l’étude de l’amitié (laquelle n’est pas dissociée de l’amour, dans son appareil conceptuel). Il souligne en effet, en passant par l’Essai sur le don de Mauss, et la contre-lecture de Bourdieu, que l’amour (l’amitié) instaure un régime de relations entre les personnes résolument opposé à toute équivalence, à tout calcul, donc reposant sur une économie, voire une philosophie du don. Or, pour Boltanski, ce n’est pas une théorie critique de l’agapè qui permet d’en circonscrire le sens et la portée, mais un autre recours au langage, lui-même opposé au système des équivalences : celui de la parabole et des métaphores, celui de la littérature, est-on tenté d’ajouter (Boltanski, en effet, évite soigneusement de passer de la métaphore à la littérature). Fondée sur la parole et le don, l’amitié serait ainsi une pratique du langage et de la relation étroitement apparentée à la littérature. Ce n’est là qu’une hypothèse, mais qui a le mérite de reconfigurer leur rapprochement, donc leur étude croisée.
BLANCHOT, Maurice. 1971. L’Amitié, Paris : Gallimard.
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BOLTANSKI, Luc. 2011 [1990]. L’Amour et la Justice comme compétences, Paris : Gallimard, « Folio essais ».
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GIDE, André et DU GARD, Roger Martin. 1968. Correspondance, vol. I (1913-1934), Paris : Gallimard.
GIGUÈRE, Richard. 1989. « Le manuscrit comme lieu de dialogue: Alfred DesRochers », Urgences. no 24, p. 25-34.
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Lacroix, Michel. 2016. « Préface », Postures, Dossier « Écrire avec », n°23, En ligne <http://revuepostures.com/fr/lacroix-23>