Appel à contribution

Écrire (sur) la marge : folie et littérature
Postures, numéro 11, à paraître au printemps 2009
Appel de textes

Le fou investit la marge, s’agite dans les espaces limites, parle un discours en rupture avec la norme. Son histoire s’écrit à partir des frontières et des seuils, parce qu’elle se tient, comme le dit Foucault, au-delà du partage. Confrontant et questionnant une certaine réalité, cette parole désirante a su forcer au cours des siècles l’érection de cadres et de catégories. Dans sa préface à l’Histoire de la folie à l’âge classique, Foucault nous rappelle ainsi que « [la] folie n’existe que dans une société, elle n’existe pas en dehors des formes de la sensibilité qui l’isolent et des formes de répulsion qui l’excluent ou la capturent. » La folie est dès lors culturelle. Elle est aussi fortement artistique et littéraire.

Depuis longtemps, littérature et folie exercent l’une sur l’autre un puissant pouvoir d’attraction. Tantôt source d’inspiration, tantôt principe de création (comme chez les Surréalistes) et tantôt seule voie d’exorcisation, elles partagent une tortueuse histoire construite en marge ou en écho des institutions qui se nourrissent du fou, que ce soit la psychiatrie, l’anthropométrie, la criminologie ou la psychanalyse. La folie est donc un lieu que la littérature et le discours ont su rapidement habiter. D’ailleurs, l’artiste a toujours nourri une fascination ambiguë, formée de fantasmes et d’angoisses, pour la démence. Parfois associée au génie, la folie inscrite dans une œuvre interroge toujours le sens parce qu’elle ébranle le réel, le discours et la structure du récit. Quelquefois aussi, elle force l’artiste à émerger de l’être humain, déclenchant ainsi une nécessité de dire, une volonté d’écrire.

Ainsi, quelles sont les questions que le fou pose au monde? Quelles sont les figures de la folie? Y a-t-il une folie ou des folies (collective, individuelle, discursive)? Comment mettre la folie en scène, en mots, en récit? Quels en sont les signes? Y a-t-il une écriture du délire ou un délire de l’écriture? Qu’est-ce que la folie nous apprend de l’art, et l’art de la folie? La folie peut-elle être une forme d’art?

Le numéro 11 de Postures propose, dans cette perspective, de réfléchir aux liens qui se tissent entre la littérature et la folie. Il s’agira ici par exemple de s’interroger sur :

- les liens entre fiction et folie, entre l’imaginaire du génie et la démence;
– la question de la marginalité et de l’anormalité;
– les représentations de situations pathologiques (hallucinations, délire, perversion, hystérie, drogues, etc.) et les figures marginales (sorcière, idiot, fou, hystérique, savant, artiste, etc.);
– les œuvres traitant de la création comme pathologie;
– les écritures traumatiques, écrits bruts, documents cliniques;
– la folie du lecteur, etc.)

Créée en 1996 afin d’offrir un lieu de publication scientifique aux étudiants en études littéraires, tous cycles confondus, la revue Postures réunit chaque année une dizaine de textes articulés autour d’une problématique d’actualité dans les milieux littéraires et intellectuels. L’appel de textes s’adresse principalement aux étudiants en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Une partie du dossier sera toutefois réservée aux collaborations spéciales, pour permettre d’accueillir des auteurs d’autres universités.

Les textes proposés, de 12 à 15 pages à double interligne, doivent être soumis par courrier électronique à Marie-Pierre Bouchard, à l’adresse postures.uqam@gmail.com, avant le 21 novembre 2008. Les auteurs des textes retenus devront participer à un processus de réécriture guidé par le comité de rédaction. Les auteurs sont également priés de se conformer au protocole de rédaction, disponible sur demande par courriel : redaction@revuepostures.com. Pour toute information supplémentaire concernant la revue, veuillez contacter Vicky Pelletier à l’adresse suivante : vpelletier@revuepostures.com.

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