Les écritures de l'Histoire

Numéro et date de publication: 
Printemps 2008, Numéro 10

Si, comme le dit Jacques Rancière dans Le partage du sensible, « le réel doit être fictionné pour être pensé », il convient de s’interroger sur la posture des écrivains qui tentent de représenter, par le biais d’œuvres de fiction, une certaine réalité historique. Un modèle plus traditionnel de la représentation de l’Histoire tente de concilier celle-ci avec la fiction en supposant la possibilité d’une saisie univoque des événements. Pensons à Stendhal, par exemple, qui parle du roman comme d’un « miroir promené le long d’un chemin », ou encore à Zola, pour qui le travail de l’écrivain consiste à transcrire le monde tel qu’il se dévoile aux yeux de son observateur. D’autres écrivains, au contraire, refusent l’objectivité du réel, dévoilant à travers diverses modalités du texte (narration, énonciation, etc.) le caractère éminemment contingent de la réalité historique. Dans un cas comme dans l’autre s’impose l’évidence d’un rapport problématique entre l’Histoire et ses représentations, rapport qui reflète et rappelle les questions mises en jeu dans les relations qui unissent le couple écriture et réalité. Ce dixième numéro de la revue Postures s’intéresse à ces textes de fiction qui questionnent le rapport que l’écriture entretient avec la représentation historique.

L’ensemble des textes que nous vous présentons dans ce numéro inscrit de manière claire l’écriture comme un médium de représentation à la fois privilégié et problématique. Privilégié dans la mesure où il permet d’explorer des territoires qui demeurent autrement inaccessibles, les territoires de l’imaginaire et du possible, qui font partie de notre réalité; mais problématique parce qu’il contribue à créer une illusion de vérité, à atténuer la ligne de partage qui sépare les faits historiques des constructions de l’imagination. Cette frontière saura-t-elle un jour, sous la plume de quelque écrivain, retrouver l’exactitude de son parcours? La question se pose. Mais les textes ici réunis diront que là n’est pas l’enjeu de l’écriture, que celle-ci ne restitue rien si ce n’est que quelques traces d’une vérité en fuite, sur laquelle il nous revient d’enquêter.

Numéro au format PDF: 
Pour citer ce numéro: 

Langlois-Béliveau, Amélie (dir.). Postures, Dossier «Les écritures de l’Histoire», n°10, En ligne <http://revuepostures.com/fr/numero/histoire> (Consulté le xx / xx / xxxx). D’abord paru dans : Langlois-Béliveau, Amélie (dir.). Postures, Dossier «Les écritures de l’Histoire», n°10, 163 p.

Préface

Avant-propos

Langlois Béliveau, Amélie, Duriez, Shawn