Que foutait Dieu avant la création?
(Samuel Beckett, Molloy)
Quand le Saint, béni soit-Il, voulut créer
le monde, les lettres étaient encloses. Et pendant
les deux mille ans qui précédèrent la création,
Il les contemplait et jouait avec elles.
Le ZOHAR, Préliminaires, 2b
La Torah déclare : C’est moi qui fus l’instrument
du Saint béni soit-Il dans son oeuvre.
L’usage en vigueur dans le monde est qu’un roi
de chair et de sang qui bâtit un palais ne le fait pas
en se fiant à son juger mais à celui d’un artisan.
Or l’artisan ne le bâtit pas non plus en se fiant à son propre juger
mais il a parchemins et tablettes pour savoir comment
exécuter salles et petites portes. Il en fut ainsi du Saint béni soit-Il :
Il consulta la Torah et créa le monde.
Midrach Genèse Rabba, 1 : 1
Que la création artistique ait un rapport avec la transcendance, cela est une évidence que tout le monde ne voit pas. Encore faut-il se demander ce que nous entendons par transcendance. S’agit-il d’un rapport, voire d’une relation à Dieu, et du coup, d’une expérience religieuse? Toute transcendance convoque-t-elle une croyance? une spiritualité? à moins que ce soit une mystique? ou plus simplement une méditation esthétique? tous ces termes — religion, croyance, spiritualité, mystique, méditation — étant bien souvent fondus pour désigner une sorte d’expérience intérieure plus ou moins définie qui appellerait, à l’égard de l’œuvre à faire, un certain recueillement, peutêtre un rituel et, pourquoi pas, l’attente d’une rédemption ou d’une réparation, comme on le dit parfois. La notion de spiritualité, par exemple, nous vient du latin ecclésiastique spiritualitas et se rapporte à l’esprit dans son rapport à lui-même et à la divinité. Mais le terme s’est généralisé et désigne plus largement une quête de sens, un lien de ferveur et d’espérance, éventuellement laïque, de l’esprit avec ce qui le rattache à lui-même et à l’autre, au monde, aux vivants et aux morts.
Mais est-ce là ce qui résume tout rapport à la transcendance, et plus précisément celui de l’artiste avec la création?
La Torah (Genèse 1 : 3) raconte qu’au commencement est la parole, la chose parlante qui n’a ni commencement ni fin et avec laquelle le monde fut créé et continue de l’être, intarissablement. Les écrivains devraient davantage en prendre acte, surtout quand il leur arrive de se croire les maîtres d’une langue plus ou moins apte à exprimer leur existence, intérieure ou pas.
Selon les Sages du Midrach 1, fins connaisseurs des lois qui donnent à la langue sa puissance d’engendrement, Dieu, pour créer le monde, lisait la Torah et en suivait le plan. Quant aux maîtres de la cabale, ils savent depuis longtemps que la combinaison des lettres hébraïques, qui permet les jeux de mots les plus riches en révélations ésotériques, occupait Dieu bien avant la création. Il aurait pu en rester là, d’ailleurs, mais voilà qu’il a eu ce désir de créer le monde avec les lettres ; dès lors, chaque lettre se présenta à lui pour avoir la préséance sur toutes les autres afin que la création commence avec elle2. C’est le beth de Berechit (au commencement) premier mot de la Torah, qui fut choisi; lettre dont la valeur numérique est deux3. Pourquoi le monde fut-il créé avec la deuxième lettre de l’alphabet ? Pour des tas de raisons que la tradition juive expose et qu’il serait long de rappeler ici, mais c’est entre autres « pour t’apprendre qu’il y a deux mondes : ce monde-ci et celui à venir; et parce que le beth est le signe de la bénédiction (berakha)4. » Et pourquoi tous les traités du Talmud commencent-ils à la page deux (beth) ? Pour t’apprendre que même si tu connais parfaitement le traité, il te manquera toujours quelque chose, dont la page un (aleph) qui représente l’unité divine cachée derrière chaque page et chaque mot, et que tu ne saurais atteindre.
Le Midrach affirme aussi qu’avant le nôtre, Dieu a créé d’autres mondes. Cette affirmation est déduite du constat enthousiaste qui s’énonce au sixième jour, moment où le Créateur contemple son œuvre : « Élohim vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon (Genèse 1 : 31)! » « Rabbi Abahou dit : Ainsi apprenons-nous que le Saint béni soit-Il créait des mondes et les détruisait, jusqu’à ce qu’ayant créé celui-ci, Il s’écrie : Celui-ci me plait, les autres ne me plaisaient pas5! » D’autres rabbins avancent plutôt que ces mondes d’avant le monde s’effondraient sur eux-mêmes et qu’il y en eut vingt-six, nombre qui correspond à la valeur numérique du tétragramme (YHVH)6. Le vingt-septième, le nôtre, expulsé hors de la matrice du Nom, semblait devoir tenir ; d’où la satisfaction exprimée : « Celui-ci est très bon, pourvu qu’il tienne! » Et ce monde qui tient, exilé de la divinité, est livré à la responsabilité humaine dans l’Histoire.
Pourtant, ce monde qui plaisait à Dieu, il a dû l’anéantir par noyade, pour le recréer. Une histoire est engloutie dans le Déluge, une autre commence après lui. « Adonaï voit que se multiplie le mal de l’humain sur la terre. Toute formation des pensées de son cœur n’est que mal tout le jour. Il se repend de l’avoir fait (Genèse 6 : 5). » De cette génération du Déluge, le Créateur ne sauvera que Noé, le juste, et sa famille ; de tous les animaux créés sur la terre et dans le ciel, il préservera un couple de chaque espèce avant d’anéantir le monde sous les grandes eaux. L’Adam qu’il avait façonné mâle et femelle à son image et à sa ressemblance, c’est-à-dire rempli du souffle de l’esprit et de la parole, lui en a fait voir de toutes les couleurs. Peut-être est-ce pour cela que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, celui qui apparut au-dessus de la terre enfin redécouverte, signent l’alliance renouvelée entre le Créateur et sa créature parlante, elle aussi créatrice de mondes et avec laquelle il a décidé de poursuivre l’aventure. C’est là mon humble proposition. La promesse faite à Noé de ne plus jamais détruire la Création a été tenue jusqu’à aujourd’hui où la destruction du monde est plus que jamais entre les mains des « parlêtres », pour reprendre le terme de Lacan7. De la parole, en effet, nous vient à nous aussi, humains postadamiques, la puissance de créer et de détruire. Premier enseignement de la Bible.
Parole, en hébreu, se dit davar qui veut aussi dire « chose », « objet. » A-t-on idée de fondre en un seul mot ces deux matières dont l’une est non seulement voix, cri mais aussi lettres, et l’autre, substance du monde sensible soumise aux lois de la physique et aux contingences du réel! C’est pourtant l’idée que soutient le Livre des livres, une idée de la création qu’aucune théorie plus ou moins cognitivo-psychologique ne saurait égaler. Au commencement, nous disent les Sages commentateurs du Midrach et du Zohar, n’était pas seulement la parole, mais aussi l’alphabet, l’écriture en acte. En hébreu, langue de la Création, les lettres sont autant de corps parlants, vibrants, donnant à chaque mot la densité d’un discours potentiel, condensé, inépuisable. Ainsi davar, qui s’écrit avec les trois lettres-consonnes DBR — le B se prononçant B ou V et les voyelles étant, en hébreu, absentes ou réduites à l’état de points en-dessous ou au-dessus de la lettre-consonne —, davar signifie par ailleurs une affaire, une chronique. DBR peut se lire DiBeR, anéantir, exterminer, DeBaR, avoir l’habitude, dèver, peste, épidémie, dover, pâturage, dabar, chef, conducteur de radeau. DBR est aussi la racine de midbar, désert, lieu où justement le peuple d’Israël a reçu les dix Paroles (commandements) au Sinaï. Voilà tout un roman en puissance qui s’écrit sous nos yeux sans que l’imagination du romancier ne soit pour le moment sollicitée. Elle viendra bien sûr, cette imagination, mais la langue l’aura depuis toujours précédée.
Selon la tradition juive, Dieu joua pendant deux mille ans avec les lettres hébraïques avant de se décider à créer le monde en les combinant. Les cabalistes vont jusqu’à dire que les 304 805 lettres qui composent le Pentateuque, si on les juxtapose en une seule chaîne ininterrompue, forment un seul mot qui épellent le Grand Nom de Dieu. Mais un mot d’une telle longueur, fût-il un nom, est illisible, et n’a évidemment pas de sens. Pour lire, il importe de passer du niveau de la lettre à celui du mot, en coupant dans cette épellation. Un mot n’existe qu’à partir d’une coupure dans la suite des lettres; seules les coupures créent des unités de sens. Et ce n’est pas tout : en hébreu chaque lettre, même cursive, est séparée de celle qui la précède et de celle qui la suit par un blanc, un espace vide, donnant à chacune une sorte d’autonomie qui permet les anagrammes, sources vivantes d’interprétations talmudiques et mystiques.
Je ne parlerai donc pas ici de spiritualité en tant qu’expérience intérieure, mais de l’esprit de la lettre, celui qui souffle au commencement de la création du ciel et de la terre. Celui qui continue de souffler chaque fois qu’on ouvre la Torah écrite, mais aussi chaque fois qu’un écrivain tente de créer du vivant dans l’écrit : chaque fois que la phrase en cours l’entraîne sur une voie qui n’était pas déjà tracée, chaque fois que la poésie ramène dans la langue la mémoire du cri, le transpose en Dire, le sublime en rythme, en danse, en musique, et crée des mondes avec le tohu-bohu qui n’est jamais loin, en nous, et que toute création verbale charrie pour le former, le dompter, l’amener à la lumière. En hébreu, tohou c’est tourni, chaos, néant; et bohou, vide, confusion, désolation.
La terre était tohou et bohou, une obscurité sur la face des eaux, Élohim dit : « une lumière sera », et c’est une lumière.
Élohim voit la lumière : quel bien! Élohim sépare la lumière de l’obscurité.
Élohim crie à la lumière : « Jour! ». À l’obscurité, il crie : « Nuit! » (Genèse 1 : 3-5)
C’est ce cri qui fait retour quand on écrit. Le cri de la Création, indissociable de toute création, et qui est aussi le cri que nous avons poussé au commencement, pour naître et vivre, et que l’écrivain qui s’embarque dans la phrase — celle qui lui arrive du dehors, qui passe, qui ne reviendra pas et l’emporte — métamorphose en poésie, en voix visibles, lisibles, parlantes : en personnages. Ce cri est aussi celui des dix Paroles que les enfants d’Israël rassemblés au pied du Sinaï n’ont pu supporter au-delà du premier mot entendu : Anokhi (JE), tellement la terreur les a saisis8 : « JE, Adonaï, t’ai fait sortir d’Égypte, de la terre de servitude… (Exode 20 : 2) » Mais ce premier mot reçu en direct par le peuple, avant que Moïse ne se charge de lui transmettre l’ensemble des dix commandements qu’il a pu, lui, entendre jusqu’au bout, ce pronom, Anokhi, qui ouvre le Décalogue, est déjà tout un programme, comme l’enseignent les rabbins. Partant de l’une des méthodes d’interprétation propre au Midrach et appelée notarikon — qui consiste à prendre chacune des lettres d’un mot comme l’initiale d’autres mots formant une phrase —, Rabbi Yohanan affirme que Anokhi 9 (mot formé des quatre lettres, aleph, noun khaf, youd : ANKY) est en réalité le notarikon de la phrase : Ana Nafchi Ktivat Yehavit, c’est-à-dire, mot à mot : moi, mon être, écrit, donné, que l’on peut traduire par Moi j’ai donné mon être dans l’Écrit 10. Ainsi apprenons-nous que le JE divin est caché dans les lettres de la Torah. C’est lui, ce JE, que l’étudiant poursuit et interroge, mais sans jamais pouvoir le saisir. Ce JE divin ne s’impose pas en réponse aux questions que soulève l’étude. C’est plutôt le désir qu’il éveille par sa déclaration, tel un amant qui donne son être dans la lettre qu’il écrit à l’âme bien-aimée qui l’attend11. Ce JE est le lieu d’un désir – de ses exigences – qui cherche à faire alliance avec l’être parlant qui le cherche.
Constatons que la mystique juive est avant tout d’ordre grammatical et linguistique. Quiconque se met à l’étude du texte de la Torah — étude qui ne se fait ni en solitaire ni par la seule lecture biblique, mais avec l’accompagnement du bruyant concert des commentaires entourant chaque verset, voire chaque lettre —, découvre que le mot d’esprit, dont Freud était si friand, s’il a bien des rapports étroits avec l’inconscient, est au cœur de la tradition herméneutique juive, ce qui n’est pas sans nous révéler à quelle logique narrative — du rêve, du désir, du signifiant — cette tradition appartient. Quiconque lit la Torah écrite (à savoir le Pentateuque, puis les prophètes, allant du livre de Josué à celui de Malachie, et enfin les Écrits, allant des Psaumes aux Chroniques), quiconque lit la Torah écrite à la lumière de cette tradition, ne saurait être dispensé d’étudier la Torah orale qui reprend, développe, commente l’enseignement provenant « de la bouche » des Sages12, enseignement qui, à partir des lois dégagées de la Torah écrite, compulse des interprétations contradictoires, des débats, des discussion, des récits, et dont le statut est bel et bien oral, même si elle est régulièrement mise par écrit depuis la destruction du Second Temple au premier siècle de notre ère. Henri Atlan ose ainsi soutenir, contre toute attente, que l’écriture de la Bible est un langage athée « puisqu’il renvoie toujours à autre chose que lui-même, de façon infinie et négativement, de telle sorte que si l’on veut y localiser un centre, une origine des significations, un dieu donc, qui lui donne son sens, on ne peut l’y trouver que dans le vide, le vide de langage, les blancs de l’écriture13. »
J’ai commenté ailleurs14 l’étrange réponse que les enfants d’Israël donnent à Moïse venu leur rapporter en détails les dix Paroles qu’ils ont été incapables d’entendre, mais qu’ils ont vues, nous dit le texte. (Exode 20 et 21). « Moïse vint raconter toutes les paroles du Seigneur et toutes les règles. Tout le peuple répondit d’une seule voix : Toutes les paroles du Seigneur nous les ferons. […] nous ferons et nous entendrons [Na’asse ve nichma’] (Exode 24 : 8). »
Ce récit affirme apparemment qu’avant même de comprendre et de mesurer ce que la loi exige d’eux, les enfants d’Israël déclarent à Moïse qu’ils sont prêts à l’accomplir. Là n’est pas l’apparente étrangeté, bien sûr, mais ce qui s’affirme comme une logique de révélation inversée. Cette déclaration : Na’assé ve nichma’, que l’on peut aussi traduire par « nous ferons et alors seulement nous entendrons », a suscité bien des interprétations qu’il n’est pas possible de rassembler ici. J’en proposerai une, en conclusion de cette préface à un dossier dédié au spirituel dans la littérature. Si la parole nous précède, n’est-il pas judicieux de s’y livrer d’abord, c’est-à dire, de s’embarquer sur son flot et de faire avec elle, qui parle en nous, l’épreuve d’une captation, d’une capture, pour l’entendre enfin? Faire avec cette chose parlante qui, la Torah l’affirme, ne cesse de parler depuis la création du monde, c’est en quelque sorte, pour un écrivain, se laisser prendre à son courant tantôt puissant, chargé, tantôt ténu, sans force, pour créer la matière d’un Dire, récit, poème, livre que nous n’entendrons, voire ne comprendrons qu’après coup, sourds que nous sommes, au moment de créer, à tout ce qui surgit et remonte de notre vécu qui n’avait jusque-là pas de mots, et que les mots transforment voire transfigurent en histoire vraie puisqu’inédite et jusque-là inaudible.
Je ne sais si tout écrivain expérimente cette temporalité dans laquelle nous n’entendons et n’apprenons qu’après avoir dit, non pas tant ce que nous voulions dire, mais ce qui, en nous, charriait le tohou va bohou de la mémoire informe. C’est l’increvable désir de rejoindre ce Je, cet Anokhi qui est aussi le nôtre, qui lance toute écriture. Et c’est seulement en assumant ce désir que le faire, en l’occurrence le Dire, devient impératif, un Dire qui ne peut dire que ce qui arrive dans l’écrit et qui est ce Je en train d’advenir au futur. C’est le désir que nous avons de lui qui nous livre aux élans de la phrase. Oui, nous ferons des phrases avec le cri du premier jour, et dans ces phrases que nous croyons nôtres, nous l’entendrons qui revient de loin.
On peut penser ainsi que le spirituel désigne simplement l’esprit, au sens d’ingéniosité, qui est l’autre nom de l’humour. Ce n’est pas parce que Dieu serait mort que le sens et la transcendance se dérobent, c’est parce que son Nom innommable renvoie toujours à autre chose par le jeu des lettres avec lesquelles il n’a lui-même jamais cessé de jouer. À Moïse qui lui demande qui il doit annoncer à son peuple, la très spirituelle Voix du buisson ardent répond : « Dis-leur : Je serai, Èhiè, m’a envoyé vers vous. (Exode 3 : 14) ». C’est un futur (Je serai ce que je serai) qui là se formule et qui annonce la suite de l’histoire, à savoir que Dieu est la parole même, celle qui, même actuelle, est toujours à venir, pas moyen de l’anéantir ni de l’arrêter.
Comme le dit Estragon à Vladimir : « En attendant, essayons de converser sans nous exalter, puisque nous sommes incapables de nous taire. » « C’est vrai, répond Vladimir, nous sommes intarissables 15. »
Le Zohar, Tome I, traduction Bernard Maruani,, Paris, Verdier, 1981 Midrach Genèse Rabba, 1, 1, Paris, Verdier, 1987.
Talmud de Babylone, traité Chabbat: TALMUD BABLI, hebrew/english, Brooklyn, N.Y. The Schottenstein edition, Artscroll, 2004.
ATLAN, Henri, « Niveaux de signification et athéisme de l’écriture », dans La Bible au présent, Colloque des intellectuels juifs. Données et débats, Paris, Gallimard, « Idées », 1982.
CLICHE, Anne Élaine, Tu ne te feras pas d’image. Duras, Sarraute, Guyotat, Montréal, Le Quartanier, 2016.
ROSENZWEIG, Franz, L’étoile de la Rédemption, traduit de l’allemand par Alexandre Derczanski et Jean-Louis Schlegel, Paris, Seuil, coll. « Esprit », 1982.
Cliche, Anne Élaine. 2024. « "Où est Dieu? noms de Dieu!" », Postures, Dossier « De la création par le verbe à la mort de Dieu : littérature et spiritualité », no 39, En ligne, http://www.revuepostures.com/fr/articles/cliche-39> (Consulté le xx / xx/ xxxx).