Les Récits laurentiens : contes en terre canadienne-française

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L’importance de la jeunesse dans l’entre-deux-guerres au Canada-français

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la société canadienne-française subit une montée du nationalisme. Tous les prescripteurs prônent le respect de la Foi, la connaissance historique et l’ancrage sur le territoire. Il est nécessaire pour les autorités, religieuses et étatiques, de préserver l’identité nationale. En ce qui concerne les Lettres, elles se voient cantonnées aux règles édifiées par Mgr Camille Roy. Non seulement tous les éléments patrimoniaux sont réquisitionnés (particulièrement l’Histoire et les hagiographies), mais en plus, pour qu’une œuvre soit « canadienne-française », elle se doit d’avoir pour cadre la terre, et pour langue le « français international ». D’autant que le voisin ontarien s’est vu imposer, en 1912, la Loi scolaire, loi qui rend quasiment impossible l’enseignement en français dans cette province. Il faut, d’autant plus pour les Canadiens-français, défendre sa position et la pérenniser. C’est ainsi que la jeunesse tend à occuper une place grandissante, les prescripteurs prenant de plus en plus conscience à la fois du rôle de l’enfant auprès de son foyer (véhicule du savoir au sein de sa famille) et du rôle qu’il aura plus tard (l’adulte de demain). Cela se traduit, entre autres, par la naissance de nombreuses œuvres littéraires, à caractère édifiant et abondement illustrées, distribuées dans les institutions scolaires. L’historiographie a l’habitude d’inscrire la date de 1921 pour l’avènement du public enfantin avec la naissance de la revue L’Oiseau bleu, publication entièrement destinée aux enfants avec des textes spécialement écrits à leur intention. Pourtant, et c’est le cas pour les récits dont nous allons parler, certains auteurs travaillent avant cette date à édifier le citoyen en devenir.

C’est le cas d’un Frère des Écoles Chrétiennes (FÉC), le Frère Marie-Victorin, qui se lance dans un vaste programme de vulgarisation scientifique, adressé notamment au public enfantin. Nommé professeur de botanique à l’Université de Montréal en 1919, il publie la même année son ouvrage intitulé Récits laurentiens (Marie-Victorin, 19191). Ce recueil de contes pour enfants est majoritairement autobiographique et met en scène le prélat dans ses jeunes années. Illustré par Edmond Joseph Massicotte, le maître de l’illustration du terroir et du folklore, le livre est d’abord un hymne à la Nation canadienne-française. D’ailleurs, le préfacier, Albert Ferland, ne manque pas de souligner que le Frère, qui a « donn[é] une voix à ces vastes horizons », a su « voir le Canada » (RC, 6). Mieux, un journaliste précise que « ces récits-là sont un geste d’action française, qu’il nous fait plaisir de souligner » (H.-B., 1919, 231). Et chose inhabituelle pour un « défricheur d’horizons et de vies végétales » (RC, 8), il a écrit son texte « en pensant à son enfance » (RC, 5). Les récits ne sont pas tous autobiographiques, mais comme nous allons le voir, Notre maître, le passé est à l’honneur, pour reprendre un titre du chantre du nationalisme de l’époque, Lionel Groulx.

Les Récits laurentiens

L’ouvrage est indéniablement un livre destiné aux enfants. Ce qui nous l’indique, ce sont d’abord les illustrations, car tous les titres jeunesse de cette époque se parent de dessins. De plus, la vocation même des FÉC est toute entière tournée vers l’éducation. La congrégation publie des « ouvrages attrayants et instructifs, où se trouvent intimement associées religion, science et littérature nationale » (Pouliot, 2005, 207). Ce recueil ne fait donc pas exception, d’autant plus que le Frère Marie-Victorin est un des principaux acteurs du renouveau pédagogique, pour ne pas dire le promoteur d’un enseignement qui se veut plus vivant (Lanouette, 2002). Son livre est composé de neuf contes – dont cinq sont présentés comme étant autobiographiques – traitant particulièrement de son enfance. En effet, quelques indices temporels précisent que les actions se déroulent entre ses quatre ans et ses seize ans.

Des contes de son enfance

Deux des histoires du recueil, qui donnent à lire des souvenirs de l’enfance de l’auteur, « La Corvée des Hamel » et « La Croix de Saint Norbert », sont primées, en 1916, par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Mgr Camille Roy fait même les honneurs à la première, en la citant dans son Histoire de la littérature canadienne en ces termes : le texte est l’une « des pages les plus pittoresques et les plus vraies de cette sorte de littérature du terroir où s’applique l’auteur » (Saint-Jacques et Robert, 2010, 407). L’ouvrage s’ouvre d’ailleurs sur « La Corvée des Hamel », récit qui se déroule chez les grands-parents du narrateur alors âgé de 4 ans2. Cette histoire raconte comment le vieil orme planté depuis des siècles devant la maison de la famille Hamel, et menaçant de s’écrouler, doit être abattu par ses dix-neuf propriétaires3. L’arbre, plus que centenaire, a abrité les jeux des plus jeunes qui venaient « entourer le géant de la couronne de [leurs] petits bras » (RC, 21). Le Frère Marie-Victorin se le rappelle :

Je l’ai vu bien des fois et sous toutes les lumières. […] Mais c’est surtout le soir, quand nous redescendions vers Québec, qu’il était beau. Je manquais de mots alors, mais les images sont là, très nettes, dans ma mémoire. (RC, 22)

Et cette « mémoire » est mise à profit tout au long du livre, comme si la devise du Canada-Français, « Je me souviens », était le mot d’ordre de l’écriture. À travers « Le Rosier de la Vierge », le narrateur continue à nous présenter les membres de sa famille. Le Frère fait ici œuvre de « petite histoire4 » celle de la paroisse familiale. Il s’agit pour lui de rapporter une vieille légende que sa grand-mère raconte à « tous, fillettes en tabliers à manches et aux cheveux nattés, [et] petits gars ébouriffés, barbouillés de la poussière et de la sueur du jeu » (RC, 35-36). Cette évocation, familiale et légendaire, lui permet d’entremêler souvenirs personnels, donc véridiques, et histoire qui se transmet de génération en génération. Il transmet à son jeune lectorat l’idée que famille et Histoire sont intimement liées, et que tous les Canadiens-français en font partie intégrante. Dans « La Croix de Saint Norbert », il évoque sa mère qui « pour calmer [ses] gros chagrins d’enfant » lui disait « Mets cela au pied de la Croix! ». Revenir sur la terre qui a abrité ses vacances, « après vingt ans d’absence », l’émeut. Il égraine ses souvenirs pour montrer l’importance de l’ancrage sur le territoire, dans une Nature qui le rend heureux. Il ne s’agit pas de réminiscences, mais plutôt d’images chevillées à sa conscience, allant jusqu’au « val lointain de [ses] quinze ans » (RC, 67). L’enfance est pour lui, certes, la période de l’apprentissage, mais surtout celle du contact avec la nature. Dans le récit intitulé « Sur le renchaussage », le pauvre « Conrad » – c’est la seule mention de son prénom dans le volume – tire des leçons d’une mauvaise expérience5. Là encore, c’est la nostalgie qui marque le discours :

C’est un chagrin d’enfant, mais vous savez bien qu’il n’y a pas de chagrin d’enfant; il n’y a que des chagrins tout court : le nuage n’est jamais petit qui couvre tout le ciel et l’assombrit! Ainsi après vingt-cinq ans, quand je pense à la mésaventure que je vais vous raconter, je n’ai pas plus le cœur à rire qu’en ce temps déjà lointain […] (RC, 71).

Venu de la ville pour aider sa famille aux champs, il se voit confier l’entretien du « renchaussage ». Cette corvée lui laisse du temps pour aller jouer avec « les petits écornifleurs », ses ami(e)s. Puis le lecteur découvre le visage de Conrad assis sur un tronc d’arbre au-dessus d’une rivière, « une tête d’enfant, nimbée de paille blonde, […] qui rêvait ces chers et purs rêves de dix ans qu’on ne retrouve plus!... » (RC, 81-82). Quels sont ces moments perdus? Ce sont ceux de la pêche, expérience de la patience et apprentissage de la contemplation. Pendant que les adultes se reposent, c’est « le moment pour nous les jeunes – on n’a guère le temps de dormir à cet âge! – de sortir nos lignes » (RC, 85). Et pour bien souligner ce temps de l’insouciance, le Frère rapporte un jeu : « retenir entre les doigts une poignée de feuilles et […] laisser revenir la branche comme un ressort sur le nez des autres! » (RC, 86-87). Toutefois, pendant que le narrateur dort encore, un accident survient dans le « renchaussage ». La jument du voisin avait tout dévoré : « Je devinais bien quelque chose, [énonce Conrad] mais à cet âge on ne vit que du présent si riche, et il n’y a pas de noires prévisions pour prévaloir contre la coalition puissante d’un appétit de dix ans et la séduction combinée des crêpes et du sirop d’érable » (RC, 91). Les épreuves de jeunesse, l’omniprésence de la cellule familiale et du rang de l’église, permettent à l’auteur-narrateur de dire à ses lecteurs : regardez, je suis comme vous, j’ai couru pieds nus dans les champs, je me suis écorché les genoux, et parfois les adultes se sont joués de moi. J’ai comme vous été à l’école, mais de tout cela, « je dois le dire, le grand ru’sseau a été la passion de mon enfance » (RC, 78).

L’image de l’enfance sert d’allégorie pour représenter la construction de soi par la découverte, à la fois auprès des anciens de la famille (culte des racines) et au cœur de la Nature (culte de la terre). Tout cela symbolise finalement l’attachement aux valeurs fondatrices du peuple canadien-français, dont chacun est le représentant. Se servir de souvenirs, ou plutôt faire revivre des souvenirs, permet de s’adresser aux enfants d’aujourd’hui et d’hier. Et le procédé fonctionne puisque le journaliste M. H.-B, de L’Action française, avoue que le texte du Frère Marie-Victorin a suscité chez lui l’« évocation de mille souvenirs enchanteurs6 ». Il se revoit, comme le narrateur dans « Charles Roux », « courir dans les champs, […] revoir "les ruisseaux dans les bois", […] pêcher la truite vlimeuse, […] revenir sur le "charge branlante". » Et il « rit de bon cœur, quand le bambin, au milieu des veilleux » (H.-B., 230) fait la leçon à un adulte.

Nous pouvons ainsi croire qu’au-delà du projet autobiographique, le Frère Marie-Victorin aurait produit ces Récits pour stimuler, de façon ludique, la fibre patriotique auprès de l’ensemble de son lectorat. Il fait passer le message de l’importance de la transmission et de l’apprentissage par la pratique. In fine, il semble dire que la meilleure école est celle de l’expérience. Cette impression est renforcée par la présence des illustrations de Massicotte qui donnent corps aux personnages enfantins et aux aïeux. Elles renforcent la puissance des textes en permettant aux enfants-lecteurs de se figurer les décors – réalistes et naturels – et l’action des protagonistes.

Les illustrations de Edmond Joseph Massicotte

Comme le souligne Le Liseur, un journaliste du Devoir, « le frère Marie-Victorin voit la terre canadienne avec des yeux d’artiste, et l’aime avec un cœur filial » (Le liseur, 1919, 14). Et pour confirmer cette démarche, il est accompagné par Edmond Joseph Massicotte, qui donne aux plus jeunes des lecteurs de quoi s’identifier mais également de quoi développer une complicité avec le narrateur. L’imagerie des Récits présente deux caractéristiques notables: le réalisme, qui vient soutenir le texte, et la figure de l’enfant, qui crée justement cette connivence avec le jeune lectorat. Contrairement à ses collègues dessinateurs de l’époque, les œuvres de Massicotte, caractérisant l’image de l’enfance, se définissent par le réalisme.

Dans les souvenirs du prélat, le lecteur peut découvrir de nombreuses descriptions du paysage qui témoignent d'un véritable souci du détail et qui font souvent l’objet d’une illustration7. Chaque récit est précédé d'une image de titre, débute par une lettrine et se termine par une illustration. « La Corvée des Hamel » possède trois illustrations qui viennent soutenir l’histoire. L’image de titre8 est composée d’une souche d’arbre séparée d’une maison, qui semble abandonnée, par des barrières. L’enfant-lecteur peut en conclure qu’il s’apprête à lire un récit ancien dont tous les protagonistes ont disparu. Quant aux deux vignettes qui ponctuent le texte, elles ne représentent que des adultes, l’air grave, voire contrarié. Le dessin de fin représente un rouet, signe des temps anciens révolus9. Dans ce récit, l’allégorie de l’arbre centenaire symbolise les racines et les ancêtres, voire la famille canadienne-française dans son entièreté. Le réalisme se situe ici dans la « tradition » qui se définit à l’époque par « l’image de la maison paternelle et […] celle de l’église paroissiale » (Du Berger, 1995, 58). D’ailleurs, placée dans une niche, la Madone du « Rosier de la Vierge » est représentée écartant les bras, comme si elle accueillait chaleureusement le jeune lecteur en personne. Dans les trois images qui jalonnent l’histoire, c’est l’humour des situations qui est mis de l’avant. La première représente trois marguillers goguenards alors que le bedeau du village les informe qu’une jeune pousse s’est installée aux pieds de la Vierge (RC, 40). Envahissante, la plante est menacée de se faire couper par le maître maçon qui est soumis aux regards des enfants tombant de son échelle (RC, 45). Massicotte arrive à donner ici un aspect comique à une situation dramatique. Les illustrations démontrent également, de façon parfois subtile, des « observations ethnographiques sur les mœurs des habitants » (Gingras, 1996, 29).  Les oppositions entre l’univers rural et l’univers urbain par exemple, sont soulignées dans les dessins. C’est le cas dans « Ne vends pas la terre » où l’on découvre Félix Delage en tête-à-tête avec l’agent immobilier et le notaire venus des « États » pour acheter les champs. Les deux hommes de la ville sont vêtus élégamment, cravatés en chapeau melon ou haute-forme, devant les habits simples de l’homme de la terre. Cette différence est également présente dans « Sur le renchaussage » avec celles qui campent le jeune Conrad à son arrivée chez ses grands-parents (RC, 73). Il est représenté debout devant son aïeul, l’air moqueur, en habits sombres de ville contrastant avec la tenue de l’adulte, le décor et la raison de sa venue.

L'image de l'enfant se caractérise par des traits naturalistes. Au contraire des James McIsaac et autres, Massicotte possède un coup de crayon qui permet aux lecteurs d’identifier tout de suite les personnages. Il n’est pas question ici d’enfant-modèle ou de « héro à suivre » – contrairement aux Aventures de Perrine et de Charlot, par exemple – mais bien du jeune Conrad possédant ses traits propres. L’identification du lecteur passe par d’autres éléments graphiques, telles les expressions et les postures. C’est ainsi que le narrateur est toujours représenté écoutant sagement et avec respect les adultes, les bras croisés dans le dos10. Même quand le jeune Frère Marie-Victorin se fait surprendre dans le logis de « Charles Roux » sans l’autorisation dudit Charles, Massicotte le dessine avec des traits d’une infinie tristesse – de la honte? – mais dans une attitude respectueuse. Les autres illustrations qui campent l’enfance sont emplies des symboles de liberté. Comme si retrouver les racines, « la terre nourricière des ancêtres », permettait aux plus jeunes de redécouvrir les grands espaces caractéristiques du patrimoine canadien-français de l’époque et d’être heureux. Ainsi, dans « La Croix de Saint-Norbert », Conrad est mis en scène dans une posture décontractée, les mains dans les poches, le pantalon retroussé à mi-mollet et les pieds nus (RC, 65); ce qui contraste fortement avec ses habits de ville dont nous parlions tout à l’heure. Quant à ses ami(e)s, ils sont dessinés dans la même tenue que lui, courant pour traverser un pont, comme s’ils allaient à l’aventure. Ce sentiment de liberté se manifeste tout entier dans l’illustration représentant le départ en charrette pour la rivière Nicolet. Les enfants – Conrad, Fred et Willie – sont figurés debout sur le véhicule en route pour la « "Rivière", le voyage de nos rêves, à tous trois! Songez-y! » Plus tard dans le récit, il est représenté assis sur un tronc d’arbre qui s’est couché au-dessus du ruisseau de son enfance. Il trempe ses pieds nus dans l’onde, « les mains plongeant avec volupté dans les coussins de mousse », se penchant « longuement sur le miroir de l'eau » (RC, 82). Ses traits respirent le calme et la méditation en plein accord avec la Nature. Ce qui laisse à penser que cette image évoque la naissance des vocations du Frère Marie-Victorin : la botanique et la prêtrise.

Dans les Récits laurentiens, le thème de l’enfance est clairement utilisé pour que le jeune lecteur développe une complicité avec le narrateur. Contrairement aux autres textes de l’époque, où les figures enfantines sont souvent représentées de dos, laissant la possibilité aux lecteurs de se projeter dans leurs traits, les dessins de Massicotte représentent Conrad et ses ami(e)s de face, soulignant ainsi le fait que ce sont bien des souvenirs et non de la fiction; bien que ce dernier endosse l’habit de conteur. Il évoque également le « grand-père » et la « grand-mère » comme marqueur de véracité des faits, procédé qui permet d’ancrer le discours dans une vérité palpable, surligné par la présence des images. Si les illustrations sont déterminantes, c’est aussi parce qu’elles viennent nourrir les discours sous-jacents de l’auteur. C’est ainsi qu’elles véhiculent l’image de la femme idéalisée, celle de la mère aux traits tendres et maternels; les hommes étant plutôt campés dans des rôles de conseillers que les enfants doivent écouter. Quant au réalisme, quasi ethnographique, il sert le texte en mettant de l’avant le fait que le territoire, sa faune et sa flore sont autant de prétextes pour évoquer la Foi et l’Histoire de la Nation.

Les discours sous-jacents

Dès la préface, Albert Ferland nous donne une des clés de lecture des Récits. Il évoque la « source intime qui témoigne de l’enfant. […] La Nature regardée au temps naïf, lui fait, maintenant, une loi de venir la contempler dans l’âge mûr » (RC, 5). Pour le Frère Marie-Victorin, l’âge mûr est celui de la mission des FÉC : faire passer au plus grand nombre, et surtout aux enfants, le respect de la Foi et de l’Histoire comme socle identitaire de la société canadienne-française. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si son livre porte le toponyme non officiel utilisé par les nationalistes de l’époque pour dénommer le Québec, la Laurentie.

La Foi

Beaucoup de piété se dégage des Récits, mais peu d’entre eux traitent directement de religion. L’auteur la distille habilement, montrant « l’influence morale de la vie rurale […] et les sentiments religieux des canadiens-français » (Le liseur, 14). Elle est l’objet de trois textes en particulier, dont le premier est une légende intitulée « Le Rosier de la Vierge » décrite comme « scènes naïves et si nôtres de la paroisse de Lorette » (H.-B., 230). Toujours animé par le désir de populariser et de vulgariser le patrimoine, l’auteur s’appuie ici sur une histoire racontée aux enfants – pour renforcer cette impression, il la fait raconter par sa grand-mère qui l’a elle-même entendu de son grand-père. Le récit de la « Vierge des Hurons », statue envahie par un rosier menaçant l’église de s’écrouler, a été un temps oublié, « la jeune génération n’y croyait plus guère », ce qui a porté malheur à ceux qui ont tenté de couper la plante (RC, 47). Toutefois, l’histoire se finit bien, « en vertu de ce privilège qu’ont les végétaux de se survivre indéfiniment », alors que les hommes passent, « le rosier de la Madone, multiplié à l’infini, embaume tous les parterres lorettains. » Ce qui fait dire au narrateur :

[J’]incline à croire que, d’avoir plus d’un demi-siècle durant, vécu si près du ciel du Bon Dieu, d’avoir baigné dans la lumière du sourire de la Vierge, d’avoir écouté tant d’Angélus, ses rejetons ont gardé quelque chose de religieux et de consacré! (RC, 54)

Cette allégorie du rosier poussant contre l’église pour être plus près de la Vierge, et qui refuse qu’on le coupe – soit parce qu’il est divin, soit parce que la Vierge le protège – n’est autre que celle du peuple canadien-français défendant sa Foi et ses croyances anciennes. Il est donc primordial de perpétuer le souvenir, comme c’est également le cas dans « La Croix de Saint Norbert ». Cette fois, la légende est présentée comme étant familiale : la « Croix du Chemin […] n’avait rien de remarquable, mais pour nous tous, elle perpétuait un souvenir de famille très ancien et très doux » (RC, 62). Édifiée par l’arrière-grand-père du narrateur, « avec ses deux bras tendus », elle représente non plus « l’œuvre de l’homme mais la terre canadienne elle-même, […] la terre chrétienne, qui dans l’apaisement universel [du soir], se signait pour la nuit! » (RC, 65-66) Elle est l’allégorie de l’installation d’une famille chrétienne, le symbole par excellence des défricheurs. Les textes intitulés « Jacques Maillé » et « Le Colon Lévesque » en sont l’ultime illustration. Dans ces histoires, il ne s’agit plus de la famille du Frère Marie-Victorin. Toutefois dans la première, il se met en scène sur les bancs de l’école où le professeur fait la leçon.

« Jacques Maillé », c’est avant tout l’histoire terrible d’Arthur quittant la terre familiale sur un coup de tête pour partir à Montréal. La morale de ce conte est qu’il ne faut pas laisser la terre de ses ancêtres pour courir vers les néons de la ville ; abandonner ses racines au profit de chimères est la leçon la plus utilisée auprès des enfants. Ce texte est aussi l’occasion de parler du curé Labelle, ce « Roi du Nord », qui « fit dériver […] le flot d’émigration qui menaçait de tarir les veines du pays laurentien » (RC, 141). Ce dernier avait également organisé un acte de charité envers les citadins démunis : leur amener du bois de chauffage. Participant au convoi, Jacques, le père d’Arthur, voit sa charité bien récompensée, puisqu’il rentrera au village avec son fils. Ces valeurs (charité, attachement à la terre, respect de la Foi et la famille) sont également véhiculées dans « Le Colon Lévesque ». Là, il ne s’agit plus du tout des souvenirs du Frère. Jean-Baptiste Lévesque, « dont l’héroïsme, le vrai, nous bouleverse et nous étreint à la gorge » (H.-B., 230), traverse l’épreuve de l’installation en tant que colon, avec sa femme et ses sept enfants. Une illustration présente d’ailleurs les bambins bien vêtus et l’air heureux, avec la présence de leur mère à l’arrière-plan tenant le 8ème de la lignée dans les bras (RC, 166). Aidé des ainés, Lévesque défriche la terre sans se plaindre et « avec l’aide de Dieu ». La famille est très pieuse; chaque enfant – ils sont dix à la fin du récit – possède son propre chapelet. Un curé en visite fait la remarque à la mère qui lui rétorque : « Ah! oui! monsieur le curé! La vie serait dure, des fois, allez! si on n’avait pas la religion pour se consoler!... » (RC, 182) L’Oblat « ému » par tant de dévouement ne peut s’empêcher de penser que tous les colons sont habités par « l’idée instinctive et supérieure de la mission des Français d’Amérique » qui est de maintenir la Foi et de perpétuer « la race », comme on dit alors (RC, 181). L’enfant-lecteur découvre l’abnégation idéalisée de l’image du défricheur catholique:

Je ne sais quelles sont vos impressions mon Père, [dit le curé en visite] mais, après ce que je viens de voir et d’entendre, moi, prêtre du Seigneur blanchi dans le ministère, j’ai bien peur qu’à côté de Lévesque, je ne sois devant Dieu qu’un misérable… (RC, 185)

Les colons deviennent la figure de proue du mouvement nationaliste qui est la base de l’Histoire du Canada-français. Il s’agit, surtout auprès du jeune lectorat, de faire passer des leçons à haute valeur morale. Rédigées avec simplicité, et contées par un narrateur qui se présente comme ayant été lui aussi un enfant, les histoires, et surtout l’Histoire, sont alors abordées comme des éléments de jeunesse, communs à tous. Ce que tend à démontrer le Frère Marie-Victorin, c’est que les habitants de la Province ne forment pas un « Peuple sans histoire!... » (RC, 186)

L’Histoire

Voici comment sont présentés les Récits dans Le Devoir: « Admiration pour la richesse de nos panoramas et le charme de nos campagnes, admiration pour les hauts faits d’épopée de nos aïeux. La nature laurentienne s’embellit de la splendeur des souvenirs historiques » (Le Liseur, 14). Et il est vrai que le Frère, ainsi que sa famille, s’inscrivent dans la grande Histoire de la Province. Dans l’ordre des récits, ce sont d’abord les Hamel, ses grands-parents, ses oncles et tantes, qui travaillent la terre depuis de nombreuses générations et qui endossent l’habit si cher aux Canadiens-français de conteurs, puis son « arrière grand-père, un des premiers colons des Bois francs11. » Ses textes correspondent en tous points à ce qu’André Laurendeau souhaite pour les Lettres, c’est-à-dire « une prise de possession, aussi profonde que l’enracinement terrien […]. En d’autres termes, la géographie, le sol, le sous-sol, [et] l’environnement » qui concourent à « la possession d’une culture », dont le socle demeure l’Histoire (Laurendeau, 1938, 354).

Tout au long du livre, l’enfant-lecteur découvre ces figures héroïques qui jalonnent le passé. Il y croise « les beaux soldats de France » et le marquis de Montcalm, faisant « se reposer plus d’une fois ses vaillants grenadiers » au pied de l’orme des Hamel (RC, 2012). Il découvre les « saints missionnaires », conduits par le père Chaumonot, qui aident les Hurons. Il aperçoit le Comte de Frontenac rencontrant « Marguerite Bourgeoys, prosternée aux pieds d’une statue de la Mère de Dieu envoyée d’Italie […], vers 1674 par le P. Poncet. » (RC, 37) Nous avons déjà évoqué le curé Labelle, ajoutons Charles LeMoyne, dans « Ne vends pas la terre » (RC, 119), et l’image mythifiée de Lévesque présentant la « noblesse, la grandeur du colon dont [il] constitue la figure idéalisée, le patriotisme et la fierté de nos origines » (Le Liseur, 14).

Si ces Français sont évoqués comme les fondateurs de la Laurentie, il n’en demeure pas moins que le Frère, à l’instar des autres intellectuels nationalistes de l’époque, parle de la France comme de la mère patrie ayant abandonné ses enfants à l’ennemi. Tout l’objet des Récits est de démontrer que cet embryon de France est «  une race fière et encore solidement enracinée à la terre laurentienne » (H.-B., 229); même si l’auteur évoque aussi les défaites, comme celle de la perte de Montréal par les « grenadiers de Royal-Roussillon [qui] pleuraient sur leurs baudriers blancs » (RC, 140). Le livre est tout entier tourné vers « la survivance de ce peuple simple » (RC, 199), vers « soixante-dix mille colons délaissés [qui] n’ont pas voulu mourir à la pensée française » (RC, 9). Quant aux enfants de ce siècle, ils doivent continuer de la chérir et pour cela en apprendre davantage sur son Histoire.

C’est ainsi que quelques dates précises tendent à donner de véritables leçons, voire, elles inscrivent des monuments et des légendes au titre du patrimoine, comme la statue dans « Le rosier de la Vierge » qui donne l’occasion à l’auteur d’évoquer – chose rare à l’époque – la condition des Hurons, et la barbarie des Iroquois. Prenant le parti de dire que « les historiens sont des gens ennuyeux », le Fère fait sienne une règle que les élites mettront en place pour les lectures de l’enfant: qu’elles leur « [servent] ainsi de complément à [leurs] études, mais toujours à [leur] insu » (Désy, 1941, 2); les spécialistes ne « connaiss[ant] rien aux belles histoires » (RC, 37). Ainsi la statue de la Vierge et son rosier sont-ils dotés de pouvoirs magiques; le merveilleux permettant au narrateur de faire comprendre la notion complexe de « miracle ». Dans « Jacques Maillé », c’est un professeur qui conte l’histoire à ses élèves – dont Marie-Victorin. « Pendant une heure », il parle du « marquis de Montcalm, de l’infâme Bigot, de la sombre journée des Plaines et des éclairs de gloire de Carillon et de Sainte-Foye (sic) ». Il évoque « le tableau du dernier soir français de l’Ile Sainte-Hélène, du chevalier de Lévis adossé à un orme séculaire » (RC, 139-140), le faisant avec une si « haute éloquence » que les écoliers en oublient l’heure (RC, 139). La stratégie discursive de l’auteur facilite l’introduction de faits historiques aussi complexes que la fondation des villages; comme celle de l'Ancienne ou de la Nouvelle-Lorette, toutes deux expliquées par la présence de la Vierge au rosier. De plus, la présence du narrateur-enfant permet d’englober ces concepts comme des éléments constitutifs des récits, toutes ces précisions tendant à lutter contre l’idée que les Canadiens-français seraient un « Peuple sans histoire!... ».

Le dernier texte des Récits, intitulé justement « Peuple sans histoire!... », met en scène Lord Durham, administrateur colonial britannique. Il est l’unique figure historique à faire l’objet d’un dessin (RC, 196). Installé dans le château Haldimand, le haut-commissaire impérial s’endort à son bureau, laissant devant lui sa lettre inachevée contenant sa proposition de fusionner les deux Canada. Sa servante, Thérèse Bédard, « petite fille d’un voltigeur de Châteauguay et fille d’un vaincu de Saint-Charles », « tremblante de colère », découvre « ces mots tracés d’une écriture anguleuse et hautaine, qui sue l’orgueil et le mépris : "Ils sont un peuple sans histoire…" » (RC, 195-197). Se saisissant de la plume du Britannique, elle écrit « Thou liest, Durham! », puis signe : « Madeleine de Verchère ». À son réveil, le gouverneur découvre ces quelques mots, et se demande qui peut bien être cette femme. Il décide d’interroger la seule canadienne-française qu’il connaît, sa servante. C’est comme cela qu’il découvre les exploits de cette « enfant de quatorze ans », plus connue sous le nom de « l’héroïne de Verchère » (RC, 201). Ainsi, les grandes figures historiques, mêlées aux légendes et à la spiritualité, permettent à l’auteur d’enraciner davantage son jeune lecteur dans l’imaginaire collectif des Canadiens-français d’alors, dont la survivance de la langue et de la Foi sont des constituantes majeures.

Les leçons distillées dans les Récits sont écrites dans une langue simple et claire, faisant de cet ouvrage terroiriste13 un élément de la sphère de la simili-littérature14. Son rôle essentiel reste la vulgarisation, ce qui permet de traduire les concepts en les rendant plus vivants. Il s’agit pour l’élite, dont le botaniste fait partie, de fabriquer des textes capables d’éduquer les enfants-lecteurs, en les intéressant à des histoires écrites pour eux, édifiantes15 et à caractère historique. Le Frère Marie-Victorin a donc produit des contes historico-nationalistes, qui sont les premières œuvres où narrateur et lecteurs sont des enfants.

Donner au Canada-français des héritiers

Entièrement basés sur la pensée nationaliste de l’époque, ces récits d’enfance servent à développer le sens patriotique des lecteurs. L’Histoire et la Foi, prenant un aspect didactique, cultivent les valeurs collectives de patriotisme, nationalisme, du respect des traditions, de la fidélité à la langue et à la religion. Le patrimoine est ici un ciment social fort relevant d’un sentiment de fierté nationale. Les textes et images concourent, pour reprendre les termes de Pierre Bourdieu, à la reproduction d’une certaine culture définie par les autorités, transformant les enfants-lecteurs en héritiers (Bourdieu et Passeron, 1985). En définitive, le botaniste donne à lire des sujets adaptés à un public cible, en vulgarisant le plus largement possible la « petite histoire » (Saint-Jacques et Robert, 297). Par le truchement des souvenirs d’enfance, de la narration et des illustrations, l’auteur met en avant le patrimoine de façon didactique créant un capital propre qui lui permet d’abolir la distance entre son public et lui.

Si les histoires sont simples, et les textes empreints de morale et d’Histoire, l’ensemble est raconté par un enfant, et comme faisant partie de l’imaginaire collectif, avec un vocabulaire qui se veut « vrai ». Quant aux images, elles viennent renforcer le côté « identification/complicité » du lectorat. Ce qui fait des Récits le premier ouvrage du mouvement pédagogique qui va se généraliser avec l’arrivée de L’Oiseau bleu en 192116. Cette date marque officiellement la naissance du public jeunesse, la publication donnant « un statut de lecteur réel, de public "certifié" » aux enfants. Les œuvres se devront de remplir une double fonction sociale : développer le goût des livres et de la lecture chez les plus jeunes, et intégrer les lecteurs dans la société à laquelle ils appartiennent. En cela, Les Récits laurentiens peuvent être classés parmi les premiers ouvrages du courant nationaliste pour la jeunesse.

Si, en ce début des années 1920, le botaniste n’est pas l’unique auteur qui œuvre en direction de ce public, il est à notre connaissance le seul à avoir fait appel à ses souvenirs d’enfant, créant une complicité avec ses jeunes lecteurs. Il n’en oublie pas de faire œuvre de démocratisation scientifique, comme il le fera également dans L’Oiseau bleu17, le rôle essentiel de ses textes restant la vulgarisation pour inculquer plus facilement les percepts et les rendre plus tangibles – il n’hésitera pas à se remettre en scène dans ses écrits comme une caution de la véracité de ses dires. Sa volonté de démocratisation, y compris des sciences naturelles, fait de lui le chef de file d’autres figures emblématiques qui travaillent auprès des enfants : le Jardin botanique fonctionnant de pair avec une institution d’éducation postscolaire, la Bibliothèque pour enfants d’Hochelaga. Dans le domaine des Lettres, le Frère devient une influence importante dans le monde des textes jeunesse, à partir de 1934, lorsqu’il devient directeur de la collection « Mon histoire naturelle » des Éditions Beauchemin.

 

Bibliographie

Sources

Désy, Anatole. 1941. « L’influence de la lecture sur l’enfant », Le Canada, mercredi 22 octobre.

Laurendeau, André. 1938. « Vie de l’esprit – Sur un discours de Marie-Victorin », L’Action Nationale, 11 décembre.

Liseur (Le). 1919. « Chronique du liseur – En feuilletant livres et revues », Le Devoir, samedi le 17 mai.

Marie-Victorin (Frère). 1916. La Flore du Témiscouata, Québec : Imprimerie Laflamme.

_____. 1917. « L’étude des sciences naturelles. Son développement chez les Canadiens français », Revue canadienne, vol. 20, n° 4.

_____. 1919. Récits laurentiens, Montréal : Frères des Écoles Chrétiennes. 217 p.

M. H.-B. « Les Récits laurentiens », L’Action française, mai 1919.

Tessier, Albert (abbé). 1925. « La Grande et la Petite histoire », Le Bien public, 22 octobre.

Ouvrages et articles

Bourdieu, Pierre; Passeron, Jean-Claude. 1985. Les Héritiers, Éditions de Minuit, coll. « Le Sens commun », 189 p.

Chartier, Anne-Marie; Pouliot, Suzanne. 1996. « Les discours institutionnels sur la lecture des jeunes », Cahiers de la recherche en éducation, vol. 3, n° 3, pp. 335-342.

Couégnas, Daniel. 1992. Introduction à la paralittérature, Paris : Seuil, coll. « Poétique », 200 p.

Du Berger, Jean. 1995. « Tradition et constitution d'une mémoire collective », Culture française d’Amérique, pp. 43-77.

Genest, Bernard. 1979. Massicotte et son temps, Montréal : Boréal Express, coll. « Iconographie de la vie populaire », 240 p.

Gingras, Yves. 1985. « L’itinéraire du Frère Marie-Victorin, é.c. (1885-1944), Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 39, n° 1.

_____. 1996. « Marie-Victorin à la recherche de la flore laurentienne », Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 46, pp 26-29.

Grivel, Marie-Hélène. 2013. « L’Âge d’or de l’édition québécoise du début des années Vingt à la fin des années Trente », thèse de doctorat en Histoire et civilisations, Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Guillemette, Lucie. 2003. « Les ouvrages de vulgarisation scientifique au Canada français. L’influence du frère Marie-Victorin sur la littérature pour la jeunesse », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, pp. 235-246.

Landreville, Ginette. 2003. « La littérature jeunesse québécoise a 80 ans », Lurelu, vol. 26, n° 2, pp. 93-102.

Lanouette, Mélanie. 2002. Faire vivre ou faire connaître. Les défis de l’enseignement religieux en contexte de renouveau pédagogique. 1936-1946, coll. « religions, cultures et sociétés », Les Presses de l’Université Laval, 196 p.

Pouliot, Suzanne. 2005. « L’édition québécoise pour la jeunesse au XXe siècle. Une histoire du livre et de la lecture située au confluent de la tradition et de la modernité », Globe : revue internationale d’études québécoises, vol. 8, n° 2, pp. 203-235

Saint-Jacques, Denis; Robert, Lucie (dir.). 2010. La Vie littéraire au Québec, t. 6, Le nationaliste, l’individualiste et le marchand, 1919-1933, Québec : Presses de l’Université Laval, 764 p.

Pour citer cet article: 

Grivel, Marie-Hélène. 2015. « Les Récits laurentiens : contes en terre canadienne-française », Postures, Dossier « L'enfance à l'œuvre », n°21, En ligne < http://revuepostures.com/fr/articles/grivel-21 > (Consulté le xx / xx / xxxx).